Sur une petite île d'Irlande, des cadavres d'hommes mystérieusement désossés sont retrouvés. Des savants londoniens découvrent que ces méfaits ont été perpétrés par les sillicates, mutants issus d'une expérience scientifique ratée...
L'île de la terreur a été réalisé par Terence Fisher, ce grand maître de l'épouvante à l'anglaise qui avait lancé, pour la compagnie Hammer, toute une nouvelle vague de films d'horreur en Grande-Bretagne (avec, notamment, Frankenstein s'est échappé (1957), interprété par Christopher Lee et Peter Cushing). On retrouve d'ailleurs le même Peter Cushing dans ce film. On remarque Il ne s'agit pourtant pas d'une production Hammer, mais d'une œuvre de la compagnie Planet films pour laquelle Fisher réalisera La nuit de la grande chaleur (1967), une autre histoire de science-fiction.
Par bien des aspects, L'île de la terreur saura réjouir les amateurs de L'appel de Cthulhu. En effet, on appréciera d'emblée son ambiance sinistre, humide et brumeuse, semblable à celle de la nouvelle Le cauchemar d'Insmouth. Ensuite, les sillicates évoquent de petits shoggoths tentaculaires. Enfin, je ne résiste pas au plaisir d'évoquer une bien belle séquence : tandis que l'armée des monstres rampants avance inexorablement vers les héros, ceux-ci tentent de les détruire en utilisant des moyens aussi divers que le fusil de chasse, la bombe incendiaire, ou, tout simplement, un bon vieux bâton de dynamite ; hélas aucune de ces armes n'égratigne les créatures visqueuses, et les humains ne peuvent s'en sortir qu'en se repliant en vitesse... Voilà qui rappel de "bons" souvenirs de PJ !
Si les comédiens sont dans l'ensemble compétents, on remarque que l'interprétation est plus décontractée que dans d'autres film d'horreur classiques. Ainsi, Peter Cushing est un peu trop ironique: même avec un bras tranché, il parvient encore à lancer des remarques spirituelles à ses compagnons ! On regrette aussi que les effets spéciaux ne soient pas très réussis, notamment les monstres qui ne sont pas bien terrifiants. En plus, leurs apparitions sont accompagnées de bruitages électroniques complètement démodés qui amusent plus le spectateur qu'ils ne l'angoissent.
Pourtant, on retrouve les qualités habituelles des bons films de Fisher : narration très solide, sens du rythme, efficacité et rigueur. Les amateurs de Lovecraft apprécieront ainsi l'excellente scène finale dans laquelle les humains sont assiégés par une armée de tentacules visqueux. Si L'île de la terreur n'égale certainement pas les plus grandes réussites de son auteur, il reste néanmoins un agréable divertissement...